Un ciné-débat sans débat…
Le vendredi 7 juillet était programmée au cinéma Le Clair de Thiviers (24) en collaboration avec notre association la projection du documentaire Des cailloux dans la chaussure de Mickaël Damperon suivi d’un débat avec le public.
Pour cela, un premier contact avait été pris dès le 23 mai et la programmation actée après accord de la mairie de Thiviers. Un article sur notre site a été publié en ce sens le 18 juin.
Comme convenu avec le cinéma, nous avons pris en charge la communication de l’événement en faisant imprimer 100 affiches qui ont été affichées dans Thiviers et les communes alentours. Des entrefilets dans la presse locale sont également parus.
Le 6 juillet en fin de matinée, la veille de la projection, nous recevons un premier mail du cinéma nous indiquant la mairie ferait pression par rapport à la projection et le débat. Divers échanges vont alors avoir lieu, jusqu’à un échange téléphonique le soir du 6 juillet à 19h avec un représentant de la mairie qui nous informe que la séance et le débat peuvent avoir lieu mais sans aucune possibilité de projeter un support contrairement à ce qu’il avait été initialement convenu.
Alors pourquoi ce revirement ? Quel est le problème ?
Est-ce le documentaire ?
« Des cailloux dans la chaussure » est un documentaire proposé sur « Public Sénat », la chaîne de télévision du Sénat français, primé et programmé dans de nombreux festivals (Cannes : Festival International du Film Écologique et Social, Ville-sur-Yron – Festival Caméras des Champs – Grand Prix, Prix du public et des habitants, etc.).
Donc cela ne peut pas être le documentaire
Est-ce le support de présentation qui était trop subversif ?
C’est un support basé sur des références étayées avec des données provenant entre autres de l’IGN, du CNRS (centre national de la recherche scientifique), de l’ONF (office national des forêts), de la Région Nouvelle-Aquitaine, du GIEC (groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat), de l’Office Française de la Biodiversité ou encore de la DREAL (direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement)
Donc cela ne peut pas être le support de présentation
Est-ce le concept de ciné-débat ?
Une simple recherche sur internet fait ressortir de nombreux exemples de ciné-débat tels que :
- Cavaillon : « Tous résistants dans l’âme »
- Gérardmer : « Quand l’écologie sort du bois »
- Lille : L’Offensive « Comment stopper un projet d’exploitation du vivant ? »
- Bédarieux : « On lâche rien » porté par la CGT et ATTAC
Donc cela ne peut pas être le concept de ciné-débat
Est-ce alors le simple fait de débattre ?
Le Président Macron dans sa lettre aux Français du 13 janvier 2019 sur le Grand Débat National a pourtant montré le chemin :
Il n’y a pas de questions interdites. […] Nous montrerons que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre.
Lettre aux Français | Élysée (elysee.fr)
De plus, l’Education Nationale prône l’enseignement du débat citoyen aux élèves, futurs citoyens :
Les débats citoyens ont pour but de permettre aux élèves de s’engager dans les grandes problématiques citoyennes en préparant, organisant, animant, s’impliquant dans une table ronde publique sur un sujet citoyen.
Les débats citoyens – Travailler autour de questions vives | Académie de Lyon (ac-lyon.fr)
Et la Documentation Française – créée en 1945 sous le nom de Direction de la documentation et de la diffusion relevant directement du Secrétariat général du Gouvernement – a édité le « Guide du débat citoyen »
Enfin, le Conseil Constitutionnel sur son site mentionne bien dans la partie III. La garantie des conditions de la démocratie :
Le principe du pluralisme des courants d’idées et d’opinions ainsi consacré est un fondement de la démocratie
La liberté d’expression et de communication est d’autant plus précieuse que son exercice est une condition de la démocratie et l’une des garanties du respect des autres droits et libertés
La démocratie | Conseil constitutionnel (conseil-constitutionnel.fr)
Donc cela ne peut pas être le fait de débattre
Au final, le problème est bien l’impossibilité de débattre d’un projet de carrière !
Ainsi, à Lempzours, le projet de carrière a été découvert par hasard lors du conseil municipal de Lempzours le 24 février 2023 dans les questions diverses.
Le même projet sur lequel le même conseil municipal n’a pas voulu se prononcer le 16/06/2023 et a conclu que le sujet ne serait plus abordé en conseil municipal avant le dépôt du dossier en préfecture, quand tout serait déjà joué.
Donc, à l’image de ce que l’on peut voir dans le documentaire de Mickaël Damperon, pas de débats possibles !
Un projet détruisant 42 ha de forêts en zone naturelle sur une petite commune de 140 habitants, dévastant le paysage pour des décennies, entrainant des conséquences écologiques sur la faune, la flore, les sols, des nuisances sonores, une perte de valeur du patrimoine.
Pas de débats ?
Une mobilisation avec plus de 1 000 signatures ?
Pas de débats !
En conclusion,
Certes, on nous a assuré que le débat resterait possible mais dans des conditions qui nous sont imposées en dernière minutes et après, osons le mot, la “censure” de notre document.
Aussi dans l’impossibilité de mettre en œuvre un vrai débat qui permettrait l’exposé de fait avérés, nous avons décidé au sein de l’association d’en rester là et, pour marquer notre désaccord, de ne pas débattre.
Un vrai débat, dans des conditions clairement définies, sera organisé dans un prochain temps.
Censure : Action de censurer, d’interdire tout ou partie d’une communication quelconque – LAROUSSE –